A propos de chamanisme

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Le chamanisme recherche la sagesse cachée dans chaque chose, dans chaque expérience de vie, et nous apprenons, hélas, davantage des mauvaises expériences que des bonnes ; mais c’est là que réside précisément l’art de vivre chamanique : se tenir debout face à une mauvaise expérience, au lieu de se plaindre ou de pleurer. Plus exactement : on peut tout à fait se plaindre et pleurer, mais ensuite on se demandera : « Qu’est-ce que l’Univers est-il en train de m’apprendre là ? » ou encore : « Qu’est-ce qui ne va pas chez moi, qui fait que les autres réagissent de telle ou telle manière ? » ou encore : « Qu’est-ce qui ne va pas chez moi, qu’est-ce que cette maladie est-elle en train de m’apprendre ? » ou encore : « Qu’est-ce que l’Univers veut-il me dire au travers de cette situation ? »

par Aigle Bleu

L’idée est d’intégrer les éléments constitutifs d’un problème, et d’éviter ensuite de porter un jugement quant aux solutions possibles. Il s’agira d’éviter ainsi, dans un premier temps, de chercher des solutions, mais de se demander ce que la situation est en train de nous apprendre, et quel enseignement nous pouvons en retirer. De la sorte, nous ne sommes pas en train d’essayer d’obtenir des solutions, mais nous rencontrons un enseignement, et recevons une sagesse, un cadeau, cette perle cachée en toute chose. Vu comme ça, le chamanisme n’est pas l’expérience de la vie, mais plutôt l’enseignement et l’apprentissage de la « sagesse » de la vie, de ce que l’univers nous offre, ce que le Grand Mystère nous offre pour apprendre ; c’est tout ce qui tisse notre réalité, ce sont tous ces fils d’énergie qui constituent non seulement nos expériences de la vie, mais la vie elle-même, et c’est là que se trouve la cause primitive des choses.

C’est pour cela qu’on parle du monde des Esprits, de l’autre côté du voile, d’un autre monde, du monde de l’inconnu. Mais en réalité ce monde n’est pas « d’un autre côté », il est ici même, interagissant avec notre réalité apparente. Lors de cette conjonction, la réalité se confond avec ce mystère qu’est la vie, avec cette magie qu’est la vie. Mais comme c’est la partie obscure, le revers de la médaille, l’autre côté du miroir, une fois que nous avons toutes les pièces du puzzle en main, qui constituent un problème, ou en tout cas la plus grande partie des pièces, nous devons éviter de trop intellectualiser les choses, et de chercher une solution immédiate. Et ce n’est qu’à ce moment-là que nous nous poserons la question obligée : « Qu’est-ce que la vie est en train de m’apprendre ? »

Une fois ceci fait, nous cesserons d’y penser, nous le laisserons complètement de côté, et nous permettrons que notre sagesse intérieure, l’univers, nous partagent la solution.

Le chamanisme c’est cela : le contact avec l’Esprit, avec la cause sous-jacente des choses.

En recherchant cette « connaissance silencieuse » des enseignements de la vie, nous laissons de côté tout type de jugement, de logique, d’esprit rationnel et cartésien, pour demander à la sagesse universelle, à ce contact que nous avons tous avec le Créateur-Créatrice de toute chose, de nous conduire par le meilleur chemin qui conviendra à la synchronie universelle.

Dans la tradition Huichol, on ne dit pas « je vais y réfléchir », mais « je vais l’étudier » ; de la même façon en cérémonie, on ne dit pas qu’on va prendre de la médecine, on dit qu’on « va étudier ».

Néanmoins, cela ne signifie pas se mettre à additionner ou à multiplier les phases d’un problème, mais plutôt se laisser guider par l’esprit de toute la Création, afin d’en recevoir la solution.

Maintenant, comme nous l’avons déjà annoncé, il faut laisser de côté le problème, cesser d’y penser ; l’univers se charge alors de nous apporter la solution. Certes, mais comment ?

Là réside le mystère : la solution peut se présenter sous la forme d’un rêve, de signaux émis par un vol d’oiseaux, d’un film, de nuages dans le ciel, d’un message chiffré dans un journal, dans une émission de télévision ou de radio : les possibilités de l’univers pour nous faire parvenir ses réponses sont infinies.

Le chemin chamanique est précisément celui-là : un entraînement de la sensibilité pour reconnaître les signes et les messages de l’univers.

C’est donc ici que réside le pire des problèmes de l’esprit dit cartésien : vouloir comprendre, compartimenter et sérier tout le processus, pas à pas, afin de pouvoir « croire » que la solution apparue est la bonne, ou que le message est bien vrai. Si nous nous posons beaucoup de questions, nous perdons la magie des choses.

Extrait de
Plumes de chamans : 33 chamans du Cercle de Sagesse témoignent

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