La colère

Il était une fois une grosse colère qui se promenait dans la forêt.

La grosse colère était très triste, parce qu’elle savait qu’on ne la comprenait pas. Elle se teintait de rouge, de feu quand elle parlait mais c’est qu’elle était en larmes et personne ne le percevait. Les gens ne voyaient que le rouge et le feu, et la brûlure infligée.

Son grand ami l’Oiseau lui dit « Mais pourquoi tu pleures toi ? Tu es si forte, si grande, si prompte en tout ! »

Elle fondit en larmes, les larmes qu’elle ne pouvait pas donner, les larmes avec lesquelles elle s’étouffait.

L’Oiseau lui dit « Tu vas mourir noyée dans tes larmes enfouies, si tu continues ! »

Alors, elle regarda le Grand Oiseau, et lui dit « Oui, tu as raison. Je dois écouter mes larmes, écouter tout mon cœur qui pleure, pour arrêter le feu en moi. Je dois m’arrêter, je dois m’entendre. Pourquoi suis-je si coupable ?».

Et l’Oiseau répondit « Tu te sens coupable parce que tu as peur. Quand tu auras compris cela, tu pourras dire ce que tu penses, tu pourras t’affirmer, tout en ne parlant plus jamais de l’autre, juste de toi et de ton ressenti. Tu comprendras que tu n’as plus besoin du contrôle. Alors, tu n’auras plus besoin du feu pour te faire comprendre, tandis que tu te noies, à l’intérieur. »

A son grand étonnement, la grosse colère devint vraiment toute petite, puis fondit soudainement, et devint un ruisseau dans la forêt, pour nourrir les plantes et les arbres qui s’y trouvaient.

Valérie Mautin
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