Le bouddhisme et la vie des moines de tradition Theravada

Au fil du temps, des traductions et des cultes rencontrés, le bouddhisme ancien a évolué en trois grandes traditions : le bouddhisme Theravāda, le Bouddhisme Mahāyāna et le Bouddhisme Vajrayāna (pour en savoir plus, cliquez ici).

La tradition Theravada est l’une des trois branches du bouddhisme mondial. C’est celle qu’on appelle du « Petit Véhicule », l’originale qui transmet les enseignements de Bouddha sans qu’ils n’aient été changés. Cette philosophie se retrouve en Asie du sud-est, soit au Sri Lanka, Birmanie, Laos, Thaïlande, Cambodge et un peu au Viet Nam.

Le bouddhisme n’est pas une religion mais une philosophie de vie. La doctrine du Theravāda rejette catégoriquement l’idée d’un Dieu créateur et tout puissant ainsi que l’idée d’un salut obtenu par la seule dévotion et le culte des reliques. En effet, d’après le canon pāli, le Bouddha aurait dit : « On est son propre refuge. Qui d’autre pourrait être le refuge ? » (Dhammapada, XII, 4). Cela signifie qu’on ne peut attendre de personne l’obtention de l’illumination, qu’il faut chercher en soi-même la vérité et, pour atteindre ce but, suivre le Noble Chemin Octuple.

Siddhartha Gauthama devient Bouddha

Le Bodhi Tree, l’arbre sous lequel Bouddha a eu son illumination et où des milliers de visiteurs passent et méditent chaque jour, à Bodghaya dans le nord de l’Inde – Photo : Dominique Jeanneret

Le bouddhisme actuel a pris naissance il y a plus de 2500 ans lorsque Siddhartha Gauthama, alors prince au Népal (nord de l’Inde), marié et père du petit Rahula, décide de trouver l’éveil à l’âge de 29 ans. Il venait de découvrir la misère des gens de son pays alors qu’il vivait dans l’opulence.

Il quitte tout pour aller suivre des enseignements de nombreux maîtres avant de s’installer sous un arbre à Bodhgaya, dans le nord de l’Inde et y méditer durant six ans. Cet arbre deviendra le Bodhi Tree (photo), une forme de ficus à feuilles à queue (Ficus religiosa ou figuier des pagodes, voir plus bas).

Le bouddhisme sera introduit au Sri Lanka au 2e siècle avant JC par Mahinda, le fils de l’empereur Ashoka (Inde), pendant le règne du roi srilankais Devanampiyatissa. Mahinda planta une repousse du Bodhi Tree à Anuradhapura qui est aujourd’hui le plus vieux Bodhi Tree du Sri Lanka, très vénéré par tous les bouddhistes.

Tous les temples du monde qui ont un Bodhi Tree ont une repousse de l’arbre de Bodhgaya ou de celui d’Anuradhapura.

Les feuilles du Bodhi Tree, Ficus religiosa

Après six ans de méditation en solitaire, il atteint l’état d’illumination – l’état de Bouddha* – à l’âge de 35 ans (plus de détails sur sa vie en cliquant ici).

Il a fondé la communauté de moines errants qu’on connaît encore aujourd’hui. La plupart des moines ne sont cependant plus errants. Il officient dans des temples et voyagent cependant souvent d’un temple à un autre.

Avant lui, 28 autres personnes auraient vécu l’illumination, les 28 Bouddhas dont on trouve les statues souvent autour du Bodhi Tree ou de la stupa (pagode qui contient une relique de Bouddha).

La vie de moine

On reconnaît les moines de tradition Theravada par leur robe d’une couleur, sans ceinture et d’une pièce avec leur jupe en dessous.

Cliquez sur ces mots pour en savoir plus l’habillement et la raison pour laquelle ils se rasent les cheveux et la barbe.

Les jeunes peuvent choisir de devenir moine dès l’âge de 7 ans. Ils passent alors quelques mois au monastère avant de faire leurs premiers voeux, se couper les cheveux, prendre la robe et s’engager à respecter 10 préceptes :

  1. Je m’abstiendrai de nuire à la vie d’autrui.
  2. Je m’abstiendrai de voler la propriété d’autrui.
  3. Je m’abstiendrai de pratiques sexuelles.
  4. Je m’abstiendrai de mensonges.
  5. Je m’abstiendrai de consommation d’alcool et de tous intoxiquants.
  6. Je m’abstiendrai de consommer de la nourriture entre midi (solaire) et l’aube.
  7. Je m’abstiendrai de danse, de chant, d’audition de musique, et d’assister à des spectacles (ils peuvent y assister, en fait, mais cela ne doit pas devenir une addiction, tout comme n’importe quoi).
  8. Je m’abstiendrai de l’utilisation de parfums, de cosmétiques, ainsi que de l’utilisation d’ornements (et de tout ce qui a attrait à la séduction) (sauf les produits pour les soins dont ils peuvent avoir besoin comme de la crème pour la peau).
  9. Je m’abstiendrai de m’installer à des places plus hautes que des êtres nobles (bhikkhu, bhikkhunī ou sāmaṇera plus ancien que soi) ou à des places réservées à de tels êtres.
  10. Je m’abstiendrai d’accepter ou d’utiliser de l’or ou de l’argent (métal et monnaie) (ils ne prennent jamais l’argent de main à main. On leur donne toujours les donations en les posant sur une table ou on les met dans une enveloppe. Bien sûr, de nos jours, les moines doivent s’occuper des finances de leur temple). Source

C’est vers l’âge de 20 ans qu’ils vont recevoir leur ordination majeure en acceptant alors de respecter 227 préceptes/règles à suivre que vous pouvez lire ici. Les nonnes auront 334 règles à suivre.

Les repas

Les moines bouddhistes mangent généralement au petit déjeuner, vers 7h30, et au dîner à 11h30 mais pas après midi. Ceci est valable pour les pays chauds et pour les moines en santé. Dans les pays froids, ou quand ils sont en voyage ou malades, ils peuvent manger à d’autres moments.

Les moines sont normalement végétariens à cause du premier précepte – ne pas tuer – mais peuvent manger ce qu’on leur offre. Leur nourriture est offerte par les fidèles lors d’une petite cérémonie, le dâna, où on les sert en premier. Ils mangent normalement avant nous quoique, de plus en plus, les moines nous invitent à nous servir et à manger avec eux.

Les moines arrivant avec leur bol à la salle à manger du temple, Embilipitiya, Sri Lanka. Les gens les serviront une fois installés à leur place – photo : Dominique Jeanneret

Le rituel du repas est encore très présent au Sri Lanka, les moines se présentant avec leur bol dans lequel les non-moines y mettent des portions de nourriture. Les gens qui offrent dâna le font notamment pour accumuler des « mérites » pour avoir un bon karma et une belle prochaine vie. Cela peut aussi coïncider avec un anniversaire à célébrer, que ce soit de naissance ou de décès, que les gens célèbrent en faisant cette offrande aux moines.

Encore de nos jours, en Asie, lorsqu’il n’y a pas de gens de la communauté qui viennent leur offrir dâna, ils doivent aller marcher de porte en porte au village pour recevoir de la nourriture.

Partout dans le monde, dans les temples, les familles qui désirent offrir dâna aux moines s’annoncent à l’avance et un calendrier est établi.

Le rôle des moines

Les moines sont au service de la communauté. Ils enseignent les règles du bouddhisme, de la compassion, de la générosité, de la charité et de la gratitude ainsi que bien d’autres choses comme les langues pâli et sanskrit.

Ils officient beaucoup pour des rituels lors de décès et funérailles, maladies, etc. Ils ne marient pas les couples mais leur apporte des enseignements avant et après mariage sur comment vivre une vie respectueuse dans la famille.

La plupart des moines ont reçu une belle éducation allant jusqu’à l’université. Ils deviennent ainsi des professeurs, formateurs, enseignants… Un de leur rôle est d’enseigner la méditation. Tous les moines ne sont cependant pas des enseignants de méditation.

Dans un monastère, chaque moine a son rôle, que ce soit de s’occuper de balayer la cour et entretenir le jardin et le temple, accueillir les demandes des gens de la communauté et y répondre, s’occuper des repas, etc. Les moines ne sont cependant pas censés travailler même si certains aiment ça. Ce sont normalement les non-moines qui aident au temple au besoin.

On peut tout demander à un moine, que ce soit de l’aide pour des études, du soutien psychologique ou autre.

Dominique Jeanneret

———————————

*Le mot « Bouddha » représente celui qui a atteint l’état d’éveil