Le sac

Un homme avance sur son chemin en portant un sac très lourd.

Son rythme soutenu et son expression crispée trahissent une réelle détermination.

Cependant, haletant, boitant et gémissant, il décide soudainement de se poser et d’examiner le contenu de son sac.

En l’ouvrant, il réalise avec surprise que beaucoup de choses à l’intérieur ne lui appartiennent pas, et que d’autres ne lui serviront jamais.

Il les dépose sur le bord du chemin, et se remet en route, à la fois plus lentement et beaucoup plus léger.

Pour cela il aura fallu reconnaître que le sac est trop lourd, et reconnaître sa souffrance.

Puis accepter de faire une pause.

Puis accepter de regarder dans le sac.

Cette escale, déterminante, devient le lieu et le temps de la découverte et de l’examen du contenu du sac…

Préconceptions, peurs, défenses, attentes — héritées ou périmées — si lourdes que le port du sac qui les contient entrave notre libre mouvement, et consomme notre énergie.

Nous confinant à une indispensable posture limitante, nous permettant de porter un bagage si lourd, convoquant notre corps à approcher de dangereuses limites.

Peut-être réaliserons-nous, un peu plus tard sur notre chemin, que nous ne sommes pas notre sac, et qu’il n’y a aucun chemin à suivre, aucune destination à atteindre.

Stephan Schillinger